« Truu, truu, truu, truu, truu, truu… » un Pic noir crie en vol et traverse la hêtraie de la Sainte-Baume. On l’entend même depuis l’Hôtellerie. Pour mieux marquer son territoire, il martèle maintenant de son bec un de ses « tambours », bois secs et durs sélectionnés pour leur résonance. Ces tambours sont répartis aux quatre coins de son territoire et le bruit s’entend à 1 km ! C’est qu’il doit rappeler sans cesse à ses éventuels rivaux qu’il est le titulaire des lieux.
De la taille d’un pigeon, mais plus svelte, l’oiseau est entièrement noir, orné d’une rutilante calotte rouge sur la tête. Sa femelle ne porte qu’une calotte réduite à l’arrière de la tête.
Malgré la forte fréquentation des lieux par les promeneurs, l’oiseau est resté farouche et s’éloigne à leur approche. Parfois, il se dissimule à distance derrière un tronc, guettant l’éloignement des importuns.
En février commencent les parades nuptiales et le creusement progressif de la loge, un trou vertical en hauteur dans un hêtre dépourvu de branches latérales qui pourraient servir d’échelle aux prédateurs. Chaque adulte garde la loge et ne la quitte que lorsque la relève est assurée. C’est que les Choucas des tours harcèlent les pics pour récupérer cet abri sur pour leur nichée. Mais les pics ne se laissent pas impressionner, leurs becs repousse les intrus sans chercher à les blesser. Trois œufs seront pondus en mars. La loge est parfois creusée dans le même arbre que l’année précédente. Les cavités vacantes seront vite investies par les choucas, hulottes, sittelles, chauves-souris ou un essaim d’abeilles.
Le Pic noir se nourrit d’insectes et de leurs larves qu’il repère à l’ouïe lorsqu’elles rongent sous l’écorce. Accroché par ses griffes acérées et en appui sur les plumes rigides de sa queue, il a tôt fait de les déloger en creusant le bois de son bec taillé en burin. Le bec, très dur, pousse en continu pour compenser l’usure. La longue langue est armée de crochets qui permettent de retirer une larve de capricorne profondément enfoncée dans sa galerie. Le Pic frappe aussi les bois morts pour en faire sortir les fourmis et va au sol pour éventrer les fourmilières ou déchiqueter les troncs tombés à terre. Il n’hésite pas à franchir les crêtes pour se nourrir dans les forêts plus sèches du flanc sud.
Moins démonstratifs, le Pic épeiche fréquente les mêmes milieux et le Pic vert est plus souvent au sol. Quant au minuscule Pic épeichette, c’est dans les hautes branches qu’il prospecte.
Environ 7 couples de Pics noirs nichent à la Sainte-Baume.