Sur le sentier bordé d’arbustes d’un fond de vallon, un papillon s’enfuit brusquement et se précipite 5 m plus loin dans le bas d’un buisson. En vol, il a laissé voir des ailes très rouges mais il est pourtant invisible maintenant. C’est qu’il s’est accroché sous une feuille. Il s’enfuit à nouveau à notre approche et se repose aussitôt. C’est une Ecaille chinée. Cette fois, posé bien en vue, il montre ses ailes antérieures, disposées en toit, noires à reflets métalliques verts, rayées de traits blancs. Elles dissimulent entièrement les ailes postérieures colorées.
Ailleurs, le long d’un ruisseau, une autre Ecaille chinée butine les fleurs rosées d’une Eupatoire. Tout à son affaire, elle se laisse approcher si on prend la précaution d’éviter tout mouvement brusque. Elle change de fleurs et se repose. Ses ailes supérieures mal repliées laissent maintenant voir les ailes inférieures couleur rouge-orangé ponctuées de quatre taches noires.
Ce papillon vole en fin d’été, en août et septembre. Alors qu’il est un papillon de nuit, il est aussi actif dans la journée.
L’Ecaille chinée est assez répandue dans la Sainte-Baume et elle est protégée par la législation européenne.
Proche parente, l’Ecaille fermière vole aussi à la Sainte-Baume, la ressemblance n’est pas évidente. Elle vole en juin-juillet, elle n’est pas protégée.
Le Pique-prune, un des fleurons de la Sainte-Baume.
On l’appelle aussi Barbot ou Osmoderme, nom scientifique : Osmoderma eremita. On entend parler de cet insecte mythique car il est arrivé qu’il justifie l’arrêt du travail des bulldozers traçant une autoroute dans l’ouest de la France, tant il est rare et surtout protégé.
Mais peu de personnes ont pu l’apercevoir, ce qui rajoute au caractère énigmatique de l’insecte… C’est pour moi un grand plaisir de faire découvrir ce joyau. Mes recherches assidues m’ont permis de le découvrir deux fois, après bien des journées de prospection étalées sur de nombreuses années.
Voici un scarabée qui ne brille pas par sa beauté, mais plutôt par sa rareté. Marron foncé et assez brillant, il apparaît noir dans la lumière tamisée des frondaisons de la forêt. On dit qu’il a une odeur de prune ou de cuir de Russie… Effectivement le premier que j’ai découvert sentait une odeur de cuir, mais les deux autres ne sentaient rien. Seul le mâle s’est « parfumé », en vue d’attirer la belle dans son antre. Malgré son corps massif et lourd, c’est le plus grand de nos cétoines, l’insecte décolle rapidement, presque à la verticale, brusquement sans prévenir.
Son vol est assez rectiligne et un peu « lourd ». J’ai lu quelque part que lorsqu’il quitte son abri en s’envolant, il ne peut retrouver un site favorable et ne tarde pas à mourir. Je n’en crois rien. Lors de ma dernière observation, un Pique prune volait et, après avoir tourné autour d’un arbre, il se posa soudain sur le tronc, non loin d’un trou humide. A proximité, un autre Pique-prune était posé…
A l’inverse des autres cétoines se repaissant au soleil des étamines des fleurs, notre insecte fuit la lumière et mène une existence cachée dans les troncs d’arbres décomposés.
Il lui faut donc de grands arbres âgés qu’on trouve dans les forêts matures, les ripisylves et les grands bosquets qui ont échappé aux tronçonneuses. Sa larve se nourrit de sciure de bois décomposé par les champignons. En fait, c’est pour protéger ces biotopes que la législation française et européenne protège cet insecte.
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Le Criquet migrateur à la Sainte-Baume
En balade dans les garrigues de Signes, Auriol, Gémenos, Plan d’Aups ou dans la plaine de La Roquebrussanne, à 5 mètres de vos pieds, un grand criquet vient de s’envoler. Autre surprise, la grande distance parcourue par l’insecte : un vol assez rectiligne avant de s’abattre subitement à vingt mètres de vous. C’est un Criquet migrateur ! L’insecte est maintenant sur ses gardes et si vous voulez tenter de le capturer, avancez très lentement. Sauf circonstances particulières, vous allez sans doute échouer… et c’est reparti pour un nouveau vol de 20 mètres. Une fois capturé, (les fameuses « circonstance particulière » : l’insecte est empêtré dans une touffe d’herbes ou un petit buisson), vous avez la confirmation que c’est bien un Criquet migrateur car une encoche verticale sur le haut du thorax bombé confirme vos suppositions. Vous êtes maintenant certain qu’il ne s’agit pas de son cousin, très commun partout, le Criquet égyptien, lui aussi de grande taille, avec ses yeux rayés verticalement. On rencontre assez rarement ces Criquets migrateurs dans les espaces naturels car ils y vivent isolés, en effectifs restreints. Pourtant, cette même espèce peut se mettre à pulluler et, par milliards, dévaster les récoltes en Europe méridionale et de l’est. On ne connaît pas précisément le ou les facteurs qui déclenchent ces pullulations. Aujourd’hui, avec la généralisation des pesticides, ces phénomènes d’immenses vols de criquets grégaires, parcourant des milliers de km, ne sont plus d’actualité en Europe. Autres critères particuliers du criquet migrateur : les gros mandibules bleu foncé évoluant vers le noir. On trouve des individus verts et d’autres bruns.
Sur sa colline rocailleuse, très discret, ce petit grillon de 1 à 2 cm de long demeure sous les pierres durant la journée. A la tombée de la nuit, il sort de son abri et parcourt son domaine de sols dénudés, brûlés par le soleil. Adulte en été, le mâle, en frottant ses ailes relevées, lance un chant très bref d’une seule note claire semblant être émis par un oiseau. Il attire ainsi les femelles par des successions d’appels entrecoupés de silences. A votre approche le chant s’interromps et il est difficile de localiser le chanteur, même avec une source lumineuse, en raison de sa petite taille et de sa couleur brun clair. La répartition de cet insecte assez rare est limitée à quelques départements du sud-est de la France. Signe caractéristique : 4 lignes longitudinales sombres séparés par des lignes claires sur la tête brun-jaune. Les ailes de la femelle sont atrophiées et elle a un appendice, l’ovipositeur, pour déposer ses oeufs.
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La Saga Pedo ou Magicienne dentelée est une sauterelle de grande taille : 15 cm de long, antennes comprises. Elle est carnivore et se nourrit d’autres sauterelles ou de criquets, ce qui implique, pour son développement, la présence de proies nombreuses. Au repos dans la journée, comptant sur son mimétisme, elle saisit les proies qui passent à sa portée. Mais c’est à la tombée de la nuit que ce redoutable prédateur d’insectes part en chasse. Ses 4 pattes avant et le bas du thorax sont hérissées d’épines pour empaler et maintenir les proies capturées.
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