Pressé par on ne sait quelle urgence, l’écureuil gagne rapidement l’extrémité d’une branche de chêne. Sa queue légèrement enroulée autour de la brindille arquée sous son poids, il agite sa tête verticalement pour mieux apprécier la distance de la branche d’un arbre voisin. Il s’élance déjà d’un bond puissant et précis. Sans difficultés apparente, il s’agrippe aux brindilles et file, queue tendue, de branches en branches…
J’ai vu l’Ecureuil s’aventurer en pleine falaise où il était très à son aise, malgré le manque apparent d’aspérités.
La plupart de nos mammifères sauvages mènent des activités nocturnes : les chauves-souris bien sûr, mais aussi les rongeurs, insectivores, carnivores, les sangliers et chevreuils. Beaucoup s’abritent dans des terriers dans la journée. Avec ses mœurs diurnes favorisant son observation et aussi en raison de ses attitudes gracieuses l’écureuil attire la sympathie.
Blanc sur la poitrine et le ventre, le reste du pelage varie du brun au roux et même presque au noir, surtout en montagne. Les oreilles sont prolongées d’un pinceau de poils en hiver, mais c’est surtout la queue qui caractérise notre rongeur : longue et touffue, souvent ramenée sur le dos au repos ou pour s’abriter du grand soleil et de la pluie. Elle a aussi un rôle important de balancier. Les doigts sont très longs et armés de grandes griffes, le pouce des mains est atrophié. Lorsqu’il s’agit de descendre les troncs tête la première, les articulations des pattes arrières se tournent pour permettre l’accrochage.
L’écureuil se soustrait au regard des importuns en tournant autour des troncs et grosses branches. Il peut aussi s’enfuir mais je l’ai vu se mettre en colère en tapant des mains sur les branches en poussant des « touc, touc, touc » rageurs, balançant sa queue de droite à gauche, aplati sur une branche ou se dressant, les quatre pattes en extension et fortement agrippées.
Malgré son agilité légendaire, l’écureuil est poursuivi par de nombreux prédateurs : Fouines, Autours, Buses, Aigles de Bonelli, Chouettes hulottes, Grands-ducs et chats, il est souvent « ramassé » lorsqu’il traverse un terrain découvert. Mais c’est également sur la route qu’il perd la vie, des épidémies mortelles sont signalées dans certains secteurs.
Au contraire du Loir gris auquel il ressemble un peu, l’Ecureuil n’hiberne pas, son pelage est plus épais en hiver et il utilise des « nids » qu’il construit pour s’abriter la nuit, se soustraire aux prédateurs et se reposer dans la journée. Il peut aussi utiliser une cavité naturelle dans un arbre.
Le nid de reproduction est construit par la femelle, haut dans les arbres, en forme de boule plus ou moins ovale, avec des branches, mousse et feuillages.
Il se distingue du nid des pies qui utilisent des brindilles mortes et qui rajoutent un toit séparé du corps du nid proprement dit, donnant un aspect de panier avec son anse. L’Ecureuil capitonne l’intérieur avec des écorces, herbes, plumes, mousse. Parfois, la femelle aménage un ancien nid de pie ou de corneille. Des poursuites assidues de plusieurs heures précèdent l’accouplement, le couple n’est pas fidèle et la femelle élève seule les jeunes qu’elle allaite longtemps. Les jeunes ne mettent le nez hors du nid qu’au bout d’un mois et demi. La femelle a deux portées par an d’environ 4 jeunes.
L’Ecureuil a une bonne vue pour apprécier les distances lors d’un saut de 3 à 4 mètres, mais médiocre pour une vision éloignée, il ne vous repèrera pas si vous restez immobile.
Son habitude de cacher des provisions est bien connue, il les retrouvera, ou pas, à la mauvaise saison grâce à sa mémoire ou à son flair qui doit être performant. Il se nourrit de graines de résineux, samares, faines, glands, baies, bourgeons, sève, racines, champignons, escargots, insectes, parfois de nichées d’oiseaux, il aime bien les cerises. Au sol, on retrouve des pommes de pin dont les écailles ne sont sectionnées qu’en partie le reste étant déchiré. Il va boire fréquemment.
Il exploite un territoire de 200 mètres de diamètre en moyenne, suivant toujours les mêmes cheminements, marquant son territoire par des crottes déposées sur les arbres. J’ai vu aussi le mâle frotter ses lèvres de part et d’autres d’une branche et les femelles flairer avec insistance les branches fréquemment utilisées. On trouve des Ecureuils partout en France sauf en Corse, du moment qu’il y a des espaces boisés assez matures pour produire des graines, il s’accommode bien de la présence humaine dans les jardins. Les effectifs dans un secteur donné ne sont jamais élevés et, en dehors de la période d’accouplement, les écureuils mènent une existence solitaire.
Oh le beau nid de Pie 😉 Superbes photos Gilles
superbe reportage sur ce rongeur si familier 🙂
Des heures et des heures d’enfances consacrés à observer ce curieux animal bondir de branches en branches et tournoyer autour des troncs.
Le passage de l’article sur le « touc, touc, touc » m’a bien faire rire, ca doit être beau à voir.
Très beau travail dans lequel j’apprécie plus particulièrement le « bouquet de fleurs et plantes sauvages » pour lequel vous n’avez pas fait dans la facilité. C’est un grand plaisir de s’y promener pour se remémorer le nom de plantes oubliées et d’autres que je n’avais jamais encore identifié et qu’il va falloir que je retienne le nom !
Félicitations !
SPLENDIDE ! un vrai régal des yeux, Merci 🙂