Dans une cavité de la Sainte-Baume, un Grand rhinolophe sommeille, pendu au plafond par ses pattes arrière. Malgré la période hivernale, il n’est pas en hibernation (temps très doux) car il a détecté rapidement notre présence.
Les chauves-souris restent pendues, tête en bas, par les pieds, sans effort, le poids de l’animal tire sur des tendons qui ferment les doigts de pieds et surtout les griffes en position d’accrochage.
Le mot « rhinolophe » fait allusion à la forme particulière du nez, avec ses excroissances complexe, peu fréquentes chez les chauves-souris (31 espèces différentes en PACA). Il y a 4 espèces de rhinolophes en France, les autres espèces de chauves-souris ont des têtes plus classiques, un peu « renard » en raison de la taille des oreilles.
Son nom scientifique est Rhinolophus ferrumequinum, qui évoque la forme du nez en fer à cheval. Pourquoi ce nez particulier ?
Les chauves-souris ont de petits yeux peu performants et elles peuvent chasser dans la nuit noire. Pour se déplacer et repérer leurs proies, elles émettent des ultrasons. L’émission sonore frappe les obstacles, rebondit et retourne aux oreilles du petit mammifère, dessinant une image dans son cerveau, semblable à celle que nous obtenons avec nos yeux. C’est l’écholocation. La chauve-souris voit avec ses oreilles !
Le plus souvent cette émission sonore se fait par la bouche (fond de la gorge), la chauve-souris vole alors bouche ouverte. Mais pour les rhinolophes l’émission se fait par le nez, d’où cette forme complexe permettant de diriger les émissions sonores.
Au contraire des autres espèces, le Grand rhinolophe chasse souvent à l’affût, pendu tête en bas à une brindille, se lâchant pour partir à la poursuite de la proie repérée qu’il va capturer en vol ou même en se posant à terre. Il est très habile dans son vol, poursuivant ses proies même dans les buisson et entre les tiges de ronces sans déchirer sa précieuse membrane qui lui permet de voler : le patagium. Il se nourrit de papillons de nuit et de gros insectes, comme les coléoptères.
L’accouplement a lieu à l’automne et le développement de l’embryon ne se fait qu’au printemps. La femelle ne porte qu’un petit par an, qu’elle allaite avec ses deux mamelles. Elle a une autre paire de mamelles atrophiées dont le jeune se sert pour s’accrocher à sa mère. Dans les premiers jours, elle chasse avec le minuscule nouveau-né accroché à son ventre. Le développement est très rapide et le jeune attend alors le retour de sa mère pour téter.
Le Grand rhinolophe est peu commun et les effectifs sont en chute libre. De ce fait, comme pour tous les animaux et végétaux menacés de disparition, on ne doit pas dire où on les a vus, sauf à des spécialistes, ni amener d’autres personnes sur le site. En cas de découverte d’une ou plusieurs chauves-souris, il convient de se retirer rapidement afin de ne pas les déranger. Toutes les chauves-souris sont protégées par la loi.
Rappel, pour sourire, bien qu’il y ait encore des personnes qui le croient : les chauves-souris de chez nous ne portent pas malheur, ne s’accrochent pas dans les cheveux, et ne sucent pas de sang ! Ce sont des mammifères paisibles, et inoffensifs, ils se nourrissent d’insectes.
Sur les photos on voit l’avant-bras, sur le dos, puis les 4 métacarpes très longs, prolongés par les phalanges très longues, le tout maintenant le patagium tendu pendant le vol. On voit aussi le pouce de taille réduite, prolongé d’une grosse griffe qui sert, lors de l’atterrissage, au premier accrochage aux rochers et aux branches.
Très bel article ! Merci. Les photos sont belles et les commentaires précis sans être trop compliqués..
Tiens je me souviens de l’endroit exact de la grotte qui révèle de tels petits animaux …. chut …. je vais essayer de tenir ma langue …. ;=))
Quel animal surprenant ! Une tête qui rappelle celle des grands singe. Merci pour cet article pleins d’informations, comme toujours passionnant.
animal stupeffian